Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

« Plutôt qu’un parc national des zones humides, il serait plus efficace de créer un établissement public capable de fédérer, d’agir partout et en même temps »

Dans quelques mois, le gouvernement devrait annoncer la création d’un parc national consacré aux zones humides. Il s’agira là d’un contresens écologique et économique. Non pas que les zones humides ne méritent pas d’attention particulière, elles n’ont en réalité jamais été aussi importantes, mais cette création ne permettra pas de répondre aux objectifs de conservation de ces écosystèmes, ni aux enjeux de leur restauration. Elle ne sera pas non plus adaptée aux besoins des acteurs territoriaux, notamment les agriculteurs, qui se débattent, selon la période, avec le manque et avec l’excès d’eau.
Il est inutile de faire une liste à la Prévert de tous les services rendus par les zones humides. Ils se résument à trois mots : eau, carbone, biodiversité, trois mots qui résonnent chaque jour un peu plus à nos oreilles. Trois crises parallèles, interdépendantes les unes des autres.
En résumé, les zones humides abritent une diversité biologique exceptionnelle et surtout très originale de plantes, d’animaux et de micro-organismes adaptés à la présence permanente ou intermittente d’eau. Elles stockent du carbone organique en très grande quantité, en particulier dans les tourbières. Enfin, et c’est le point le plus en phase avec l’actualité, les zones humides sont une assurance-vie contre les aléas climatiques, le manque d’eau estival, les inondations hivernales.
De fait, les zones humides et les sols représentent la principale ressource en eau disponible à l’échelle des paysages. Connectés aux autres masses hydriques, ces deux systèmes représentent la majeure partie de l’eau dite « verte », qui, contrairement à l’eau « bleue » des lacs et des rivières, est invisible à l’œil nu. L’importance de l’eau verte n’est plus à démontrer. Elle assure la croissance de la végétation, régule le débit des rivières, alimente les nappes, atténue l’intensité des inondations, ralentit l’effet des sécheresses. Plus précisément, les zones humides et les sols riches en matières organiques jouent un rôle absolument essentiel en ralentissant l’écoulement de l’eau et en entretenant un cycle évaporation-précipitation à l’échelle locale.
Dans un contexte d’aggravation dramatique des conditions climatiques moyennes et surtout de la fréquence et de l’intensité des événements extrêmes, les services écosystémiques rendus par les zones humides vont jouer un rôle majeur dans le maintien de la production agricole et sylvicole et dans la préservation des autres écosystèmes. Ces processus sont cependant diffus et localement peu significatifs.
Il vous reste 60% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish