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En Equateur, le président Daniel Noboa déclare la guerre aux gangs

La décision de fermer les écoles a été prise douze heures trop tard. Mardi 9 janvier, au milieu du chaos qui a submergé l’Equateur pendant deux jours, le musicien Diego Gallardo est mort d’une balle perdue à Guayaquil, le principal port du pays, alors qu’il allait chercher son fils à l’école. Au moins treize autres personnes sont mortes, entre lundi et mardi, sous les tirs de groupes criminels. Le président Daniel Noboa, 36 ans, arrivé au pouvoir il y a à peine cinquante jours, a déclaré, mercredi, que le pays était « en guerre ».
La veille, il avait décrété l’existence d’un « conflit armé interne » et identifié 22 gangs comme des « terroristes » qui seront désormais traités comme « un objectif militaire » – une décision validée mercredi par l’ensemble du Parlement, où M. Noboa est pourtant minoritaire. Depuis la Belgique, l’ex-président de gauche Rafael Correa (2007-2017), qui avait soutenu à la présidentielle l’adversaire de M. Noboa, Luisa Gonzalez, a assuré le président de son « soutien total » : « L’heure est aujourd’hui à l’unité nationale. Le crime organisé a déclaré la guerre à l’Etat, et l’Etat doit l’emporter. »
Les images des violences ont fait le tour du monde : passants courant se mettre à l’abri sous des échanges de tirs, étudiants retranchés dans des salles de classe ou fuyant l’établissement, voitures incendiées, et même irruption en direct, sur un plateau de la télévision publique, d’hommes cagoulés et armés de bâtons de dynamite, qui ont pris en otage journalistes et techniciens jusqu’à l’intervention des forces de l’ordre.
« Nous n’avions jamais vécu un tel chaos, de telles attaques coordonnées dans différentes villes », témoigne Carla Alvarez, experte en sécurité, professeure et chercheuse à l’Institut des hautes études nationales de Quito. Mercredi, une centaine de fonctionnaires des services pénitentiaires étaient toujours tenus en otage dans cinq prisons. Le chef de l’état-major, Jaime Vela, a assuré que cinq assaillants avaient été tués et 329 personnes arrêtées. Les pays limitrophes – Colombie et Pérou – ont annoncé la mise en alerte de leurs forces de sécurité aux frontières.
A l’origine de l’explosion de violence, il y a l’évasion, dimanche, d’un des plus dangereux criminels du pays, José Adolfo Macias Villamar, alias « Fito », chef du gang Los Choneros. L’homme est accusé d’avoir commandité l’assassinat, en août 2023, du candidat à l’élection présidentielle Fernando Villavicencio, héraut de la lutte contre la corruption. Lundi, en réponse, le président Noboa a décrété l’état d’urgence.
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